Victoire massive, légitimité fragile !
La victoire de Sarkozy est massive. De ce résultat le candidat considère qu’il a une légitimité forte pour conduire sa politique. Or cette victoire massive est entachée d’une ambiguïté congénitale qui rend la légitimité du Président discutable. A vouloir gagner Nicolas Sarkozy a perdu la légitimité !
Cette disjonction se retrouve dans les résultats.
- Première enseignement, Nicolas Sarkozy fait ses meilleurs scores dans les régions où Jean-Marie Le Pen avait fait ses meilleurs scores, ce qui montre que le vote Sarkozy s’explique par le discours nationaliste.
- Lorsque l’on regarde les résultats par tranche d’âge, Nicolas Sarkozy doit sa victoire au vote des plus de 60 ans, les plus de 65 ans ayant voté pour lui à plus de 70%. Or la encore c’est le discours nationaliste, sécuritaire, anti-mai 68 qui explique le choix et non le libéralisme. Tous les autres ont majoritairement voté pour Ségolène Royal, sauf les 25-34 ans (entre 51% - 57% pour Sarkozy selon les études). Cette deuxième catégorie correspond à la France qui souhaite le changement proposé, elle est minoritaire par rapport à la première catégorie.
- Lorsque l’on regarde les résultats par zone, on constate que la droite domine en zone rurale, zone dans laquelle c’est le conservatisme qui domine et non le réformisme. En revanche, dans les villes, Ségolène Royal à améliorer les scores de la gauche. Bordeaux, Caen, Saint Etienne, villes de droite, ont massivement voté pour la gauche. Même à Paris la gauche a fait son meilleur résultat à une élection présidentielle. Seules villes qui restent à droite, Marseille où c’est l’apport du FN et Lyon où l’alliance actuelle anti-Millon reste majoritaire.
- Enfin, lorsque l’on regarde les résultats par CSP, les seuls professions qui ont voté Sarkozy sont les Artisans-Commerçants dont le vote est nationaliste, les agriculteurs qui sont conservateurs et les professions libérales / cadres supérieurs. Seule cette dernière catégorie a fait sont choix sur le programme de changement. Toutes les autres catégories, toutes les salariés, employés et ouvriers ont choisi la gauche.
En conclusion, si le projet du candidat était le changement, les français qui ont élu le Président sont les nationalistes. En revanche, pour la réforme, c’est l’approche de Ségolène Royal qui a été plébiscité. Entaché de l’ambiguïté du candidat, marqué du péché originel, la légitimité du Président pour conduire sa politique de réforme est faible.