Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
de Droite et Anti-Sarkozy
Derniers commentaires
13 mai 2007

Drôle de victoire, Drôle de défaite !

Alors que l'on attendait des manifestation de joie chez les gagnants et de la tristesse chez les perdants, l'espérance était plutôt du côté des perdants, les gagnants semblant plutôt dominés par la peur, l’envie du repli, la désespérance.  Analyse :


La soirée électorale du 6 mai avait quelque chose d’inédit.

  • Côté vainqueurs, alors que la victoire est large, on ne sent pas une liesse populaire. Le nombre de français devant le siège de l’UMP est limité et nettement inférieur à celui devant le siège du PS. Certes, cette différence est partiellement masquée par les prises de vue faites par les télévisions qui dans un cas font un plan serré privilégiant la largeur de la rue, dans l’autre un champ profond sur toute la longueur de la rue de Solférino. De même, la fête de la Concorde ne rassemble que 30 000 personnes et se termine peu après minuit. Enfin, le vainqueur choisi de s’enfermer avec ses proches, les riches dans un hôtel de luxe des champs Elysées plutôt que de partager sa victoire avec ses supporters qui devront patienter.
  •  Côté vaincu, alors que la défaite est significative, une foule importante de supporter s’est massée devant le siège du PS avec la conviction qu’un mouvement c’est mis en route et que cette défaite n’est qu’une péripétie sur un chemin qui conduira vers une France plus juste, une France meilleure, une France aimante. Cette foule est galvanisée par la présence de Ségolène Royal qui, tout sourire et de la terrasse, remercie ses supporters, les invite à poursuivre l’élan amorcé. Elle part et revient comme les vedettes les soirs des grands concerts. Ensuite commence la musique de la campagne reprise en cœur par la foule qui se met à danser. Enfin, la foule se disperse, certains allant à la Concorde partager leur élan avec les vainqueurs, d’autres rentrant chez eux prêt pour les combats et victoires prochains, les derniers se dirigeant vers la Bastille, lieu traditionnel de rassemblement des gauches.

 

 

Pourquoi une telle situation ? Je pense que la réponse est dans l’analyse de la campagne et des résultats.

  • Nicolas Sarkozy a usé de la méthode la plus efficace qui soit pour accéder au pouvoir (et pour l’exercer ensuite). Il a joué sur nos "passions tristes" telle que la haine, l’envie, la jalousie, la colère, la vengeance : "Inspirer des passions tristes est nécessaire à l’exercice du pouvoir", enseignait Gilles Deleuze dans un cours sur Spinoza prononcé à Vincennes le 24 janvier 1978. Il a systématiquement instrumentalisé les émotions suscitées par les crimes, joué la stigmatisation, opposé deux Frances (pas toujours les mêmes), dénoncé les boucs émissaires : les assistés, les fonctionnaires (ces privilégiés...), les syndicalistes, les fraudeurs, les voyous, les racailles, "ceux qui profitent du système", "ceux qui demandent toujours et qui ne veulent jamais rien donner", et puis les égorgeurs de moutons, les soixante-huitards, les adeptes de la repentance, les élites de gauche (toujours du côté des délinquants et des assassins, jamais de celui des honnêtes gens, n’est-ce pas ?), les juges trop laxistes de Bobigny, les policiers qui jouent au rugby avec les jeunes au lieu de les mettre en prison, et même les politiques et les technocrates. Spinoza dit, dans le Traité théologico-politique, que c’est cela le lien profond entre le despote et le prêtre, ils ont besoin de la tristesse de leurs sujets (la tristesse étant prise au sens rigoureux qu’il a su lui donner : la tristesse c’est l’affect en tant qu’il enveloppe la diminution de la puissance d’agir") d’où cette absence de liesse chez les supporters le soir de la victoire. Cette mise en avant des « passions tristes » avec la dynamique, la joie qui a porté la campagne de Ségolène Royal et qui était encore la dimanche soir.
  •  Derrière cette unité dans l’approche, Nicolas a mis l’accent sur deux axes : la sécurité (au sens large, y compris le protectionnisme économique), l’autorité avec des accents de bonapartisme protecteur d’un côté et le libéralisme, l’individualisme et la rupture de l’autre. Ces deux aspects du programme de Nicolas Sarkozy sont contradictoires et oppose conservatisme et réforme, repli sur soi et mouvement. Ce faisant, sur à la Concorde nous avons vu la partie de son électorat réformiste, les autres étant tranquillement chez eux à regarder TF1. Mais comme le montre l’analyse des résultats la partie réformiste est minoritaire.

Publicité
Commentaires
de Droite et Anti-Sarkozy
Publicité
Publicité