Maxi com, mini traité : une défaite de l’Europe
La campagne de Communication, la mise en scène de Nicolas Sarkozy pendant le Conseil de l’Europe a été remarquable. Un mélodrame vécu en quasi direct grâce aux détails fournis par le porte parole de l’Elysée. Nicolas Sarkozy aurait même proposé de faire un discours devant la Diète à Varsovie ; heureusement le ridicule ne tue plus. La délégation Française encourage la presse à dresser à Nicolas Sarkozy des lauriers : « Ce qui a été positif c’est qu’un candidat à la présidentielle ait eu le courage de dire qu’il n’y aurait pas de référendum… C’est le sommet le plus important depuis des années. Vous qui êtes des spécialistes pouvez le dire. » A en croire la délégation française, ce résultat est celui de notre président avec des reproches à peine voilés à Angela Merkel : « Il n’était pas possible de laisser de côté le plus grand pays de l’Europe de l’Est, moins de 20 ans après a chute du mur de Berlin. » Or cette écriture de l’histoire est un mensonge de la France. En effet, après que Nicolas Sarkozy ait capitulé devant les polonais, les anglais, neuf pays du oui dénoncent ces capitulations de la France et Angela Merkel négocie trois heures pour les convaincre.
Le second mensonge de Nicolas Sarkozy est de laisser croire que c’est un bon traité. En effet, l’analyse détaillée démontre le contraire. Certains disent qu’il nous sort de la paralysie alors mais nous condamne à l'immobilisme car, la crise étant passée, nous n’avons plus l’obligation de trouver une solution ambitieuse, un plan B.
Analyse :
Point mineur mais aux conséquences importantes, la
disparition de la référence aux symboles : la devise « l’union dans
la diversité » ; le drapeau et l’hymne européen ; la mention « la
monnaie de l’union et l’Euro ». Il démontre la victoire des euros sceptiques,
l’abdication d’une Europe ambitieuse. Il trace le cadre des 10 prochaines
années. Les pragmatiques, au premier rang desquels les euro-sceptiques, disent que ce ne sont que des symboles, mais sans
vision aspirationnelle pas de progrès.
Les concessions accordées à l’Angleterre sont importantes : « les objections des Polonais étaient fortes mais celles des Britanniques étaient plus fondamentales, elle mettaient en cause la base même de l’Union européenne. » estime un haut dirigeant européen. La Grande-Bretagne est exemptée de l’application de la Charte des droits fondamentaux et peut rester à l’écart des évolutions en matière de coopération judiciaire et policière réduisant d’autant l’extension à la majorité qualifiée prévu dans le traité.
La réforme du mode de vote, point important pour que l’Europe à 27 puisse fonctionner efficacement, est reportée à 2014 avec une période transitoire allant jusqu’à 2017 pendant laquelle un pays pourra demander l’application de l’ancien mode. Cela signifie que pour les 10 prochaines années nous restons avec les règles du traité de Nice avec comme conséquence 10 ans d’immobilisme.
Enfin, les avancées en matière de politique étrangère disparaissent. L’Europe restera donc incapable de faire entendre sa voix sur la scène internationale en une période où nous devrions au contraire essayer de peser plus.
En conclusion, la seul avancée de ce traité est de nous avoir fait sortir de 2 ans de paralysie mais c’est pour nous faire entrer dans 10 ans d’immobilisme, qu’avons-nous réellement gagné ? L’Europe a renoncé à ses ambitions et le traité est emprunt de l’euro-scepticisme, la Grande-Bretagne est de plus en plus aux marges de l’Europe. Avec son action Nicolas Sarkozy a réussi un coup médiatique, l’histoire jugera et la sentence risque d’être très différente.