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de Droite et Anti-Sarkozy
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4 mai 2007

Lettre aux français qui hésitent

Il n’y a pas de candidat parfait, la réalité n’est pas binaire, mais il y a différences qui sont importantes et doivent guider nos choix. Par ailleurs, nous ne devons faire attention à ne pas faire passer nos jugements sur les personnes avant les valeurs, nous devons faire attention à ne pas être séduit par la qualité et l’efficacité du discours et regarder ce qu’il y a derrière, nous ne pouvons pas faire semblant de ne pas avoir vu, nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas.

Les évêques de France disaient, nous ne sommes pas là pour dire pour qui chacun doit voter mais pour éclairer les décisions, je vais essayer, à partir de faits bruts, d’apporter un éclairage le plus objectif possible et qui laisse à chacun sa liberté d’interprétation.


Françaises, français,

Le 6 mai la France devra faire un choix important.

Nous avons aujourd’hui une chance extraordinaire,

  • C’est la première fois que nous avons au second tour deux candidats qui ont clairement mis en avant leur volonté de réformer la France et dont la démarche a été approuvée par plus de 56% des français.
  • C’est la première fois que nous avons deux candidats qui ont des programmes économiques crédibles et qui reconnaissent le rôle important de l’entreprise pour le développement. La gauche anti-capitaliste est marginalisée et ses idées économiques renvoyées au passé et les deux candidats ont chacun leur panel d’économistes de renom qui défendent leur programme.
  • C’est la première fois que nous avons deux candidats qui défendent l’autorité, l’ordre, le contrôle de l’immigration contrairement à ce que certaines caricatures voudraient faire croire.

Nicolas Sarkozy reconnaissait que Ségolène Royal était plus à droite que Jospin. Certains à gauche regrettent cette évolution, mais Ségolène Royal et une partie importante du parti ont accepté le principe de réalité.

Alors pourquoi le choix de dimanche est-il si important ?
Pour deux raisons simples et d’ordres radicalement différents :

  • Le premier relève de la méthode : on ne réforme pas contre les gens mais avec, on ne réforme pas en force mais en expliquant, on ne réforme pas en trompant les gens mais en parlant vrai et pour faire adhérer il faut que le changement soit positif pour tous c’est-à-dire juste et équitable, et ce, d’autant plus que l’effort demandé est important. Tout manager d’entreprise ayant travaillé sur la gestion du changement vous le dira.
  • La seconde relève des valeurs : soit l’économie est le moyen et l’objectif est l’homme soit le développement économique est l’objectif ; soit l’objectif du politique est d’assurer le progrès de tous soit l’objectif du politique est de mettre en place un environnement dans lequel le chacun pour soi est la règle ; soit nous avons une vision humaniste de la société soit nous avons une vision individualiste ; soit nous aidons les individus à se transcender soit nous renforçons l’individualisme. Les évêques de France, les associations humanistes, François Bayrou nous ont interpellé sur ces sujets.

La méthode :
L’actuel gouvernement se targue d’avoir réformé la France, le bilan est mitigé :

  • Si nous regardons la réforme de l’assurance santé, les résultats ne sont pas au rendez-vous et tout reste à faire ;
  • Concernant la retraite, nous n’avons eu qu’une demie réforme qui nécessite d’être revue et,
  • Les autres réformes ont été bloquées le meilleur exemple étant le CPE.

Pourquoi une telle incapacité ? Certains diront que les français ne veulent pas changer ou que les minorités actives ont empêché le gouvernement de gouverner. Plutôt que de rejeter la faute, ne devrait-on pas changer soi même : toujours plus de la même chose produit toujours plus du même résultat. Concernant la retraite par exemple, la CFDT syndicat réformiste a supporté le gouvernement dans la réforme, en revanche sur les points en suspend comme la prise en compte de la pénibilité, le développement de l’employabilité des plus de 50 ans, aucun progrès n’a était réalisé mettant ce faisant la CFDT dans une situation fragile et l’empêchant de faire adhérer les travailleurs. De même, concernant le CPE, le problème n’était pas dans la création d’un nouveau type de contrat, pour preuve la proposition de Ségolène Royal, mais sur le fait que certains points du projet étaient perçus comme injuste. Avec une négociation le gouvernement aurait pu réussir.

L’approche de Nicolas Sarkozy :

  • La réponse qu’il a faite aux syndicats à l’occasion des défilés du 1er mai laisse penser qu’il n’y aura pas de rupture dans la méthode. Les rendez-vous sociaux promis ne changeront pas la donne car, à écouter Nicolas Sarkozy, il aurait déjà tranché. Nicolas Sarkozy semble avoir oublier une chose dans son analyse de mai 68 : le Général de Gaulle a après les événements tiré une leçon, l’une des causes, la cause principal était pour lui le manque d’ouverture de son gouvernement, le manque de négociation. La réforme des régimes spéciaux, la réforme du droit de grève et les autres réformes ne passeront pas sans concertation, souvenons nous des manifestations de décembre 1995.
  • Dans son discours Nicolas Sarkozy oppose les retraités du régime général aux retraités des régimes spéciaux, oppose les travailleurs du privé aux fonctionnaires, oppose ceux qui se lèvent tôt aux chômeurs paresseux, oppose les travailleurs aux chômeurs profiteurs, oppose les français de la classe moyenne aux salariés qui gagnent le SMIC qui ne travailleraient pas dure (interview de Nicolas Sarkozy dans le Parisien), oppose les français à la population récemment française. Cette méthode n’est pas conforme à ce qu’il propose dans sa profession de foi « La France a besoin du rassemblement du peuple Français », elle repose sur le principe « diviser pour mieux régner » alors qu’il faudrait « rassembler pour mieux avancer ensemble ».
  • Pour l’élection Nicolas Sarkozy a, sur la base d’enquêtes d’opinons, a adapté sont discours à chaque cible (nous ne sommes pas naïf et il n’est pas le seul), il a dans « mon projet » gommé les parties importantes et impopulaire de son programme (baisse de 4 points des prélèvements, franchise en assurance santé…) et a dans sa profession de fois pour le second tour insister sur les valeurs de fraternité, d’humanisme. Si cela est efficace pour être élu, nombreux seront les français qui découvrirons qu’on les a trompés : ceux qui pensent qu’ils gagneront plus car ils pourront travailler plus et dont l’employeur ne proposera pas d’heures supplémentaires ; ceux qui pensent qu’ils pourront plus facilement acheter un logement alors que c’est les prix qui augmenteront, l’accession restant toujours aussi difficile (problème de l’offre et non de la demande). En promettant trop, en promettant une chose, une autre et leur contraire on crée de la déception, on génère de la résistance au changement, on s’empêche de réformer.
  • Nombre de réformes proposées par Nicolas Sarkozy ne sont pas « juste ». Même si la notion de justice est relative, il existe des tendances. Par exemple, la création d’une/de franchise(s) en assurance santé pénalise les français les plus fragilisés car proportionnellement le montant de la franchise augmente quand les revenus baisses. De même, la suppression des taxes et impôts sur les heures supplémentaires profitera à ceux qui en font déjà aujourd’hui. Or pour que les réformes qui demandent des sacrifices soient acceptées il faut qu’elles soient justes.

Ségolène Royal fait de la refonte du dialogue social la clé du retour de la confiance. Les relations de méfiance, en France, entre les entreprises, l'Etat et les salariés ont non seulement un coût, mais sont aussi un obstacle aux réformes, au retour de la croissance. La crise de la valeur travail, selon Ségolène Royal, n'est pas celle du désir individuel de travailler, mais celle de la capacité à travailler ensemble.

Les valeurs :

  • La suppression de tous ou presque tous droits de succession favorise le patrimoine sur le travail et est contraire aux principes fondateurs du capitalisme. En effet, les fondateurs du capitalisme considéraient que pour que le principe du chacun selon son mérite soit « acceptable » il fallait qu’il soit juste et que donc que tous soient égaux au départ et des milliardaires aux USA font pression sur le gouvernement de G.W. Bush contre un tel projet aux USA. De même, la franchise en assurance santé fait passer les économies devant l’équité, et ce, bien que l’efficacité économique du système soit fortement contestée. De même pour le bouclier fiscal qui favorise le capital improductif sur le capital productif (qui n’en bénéficie pas car générateur de revenus) et sur le travail. Ces réformes ne vont pas dans le sens de « La réussite au services de la solidarité » comme le revendique Nicolas Sarkozy dans sa profession de foi, c’est plutôt une vision qui évoque le « conservatisme compassionnel » des conservateurs américains. François Bayrou l’a dit lors de la présentation de son projet économique : aujourd’hui économie et social doivent se penser ensemble. Pour lui, le rôle du politique est d’assurer une harmonie entre ces deux ordres tout en affirmant la primauté du social sur l’économie.
  • Les deux candidats sont d’accord pour dire que la croissance est tiré par les entreprises et que ce faisant, il faut créer un environnement leur permettant de se développer. La différence vient de la répartition de la valeur ainsi créée. La réforme des heures supplémentaires revient à rendre plus attractif pour l’entreprise l’utilisation des heures supplémentaires par rapport à l’embauche, par rapport au partage du travail et conduit à donner plus à ceux qui ont déjà un travail. La baisse de 4 points des prélèvements obligatoires, soit deux fois plus que Margaret Tatcher en deux fois moins de temps, se traduira inévitablement par moins de redistribution, moins d’équité. A l’inverse, Ségolène Royal et François Bayrou propose une redistribution plus juste et efficace en contrôlant mieux les personnes qui « détournent » le système sans stigmatiser tel ou tel catégorie, sans faire de cas particuliers une généralité et en améliorant la productivité de l’état,
  • Lors de ses discours de campagne Nicolas Sarkozy a fait applaudir le mot Karcher ; a dit que la pédophilie, le suicide, l’homosexualité (position de Nicolas Sarkozy non reprise dans la retranscription de son interview) sont d’ordre génétique ; a associé les concepts « identité national » et « immigration » ; a parlé des moutons que l’on égorge dans les baignoires, a dit que « La France n’a pas inventé la solution finale, n’a pas fait de génocide, n’a pas à se repentir et que l’on doit être fier d’être français » ; a repris le discours du front national. C’est propos sont contraire aux valeurs républicaine et humanistes. Pourquoi ? Non parce que tout cela est faux : il faut débarrasser les banlieues des bandes organisées, l’immigration est un sujet qui doit être traité, l’identité nationale est importante, on peut être fier d’être français. On ne peut pas car les mots ont une histoire qu’on ne peut ignorer (Jörg Haider, leader de l’extrême droite Autrichienne a trouvé que les propositions de Nicolas Sarkozy avaient des « relents nauséeux ») car c’est un discours qui divise, c’est un discours de peur, c’est un discours négatif, c’est un discours qui flatte notre animalité plutôt que de nous pousser vers plus d’amour de l’autre : contrairement à ce que Nicolas Sarkozy dit, il n’a pas ramener les électeurs du front national vers la droite républicaine, il a amené la droite républicaine vers la droite nationale. A l’inverse, la beauté du débat entre Ségolène Royal et François Bayrou c’est l’impression de deux personnes qui voulait plus d’ensemble, plus de fraternité, plus d’amour. Pour Nicolas Sarkozy ensemble semble être un slogan, pour François Bayrou et Ségolène Royal, ensemble c’est une manière d’être.

Vous l’aurez compris, mon choix c’est Ségolène Royal car je pense que si nous souhaitons une France réformé, une France apaisée, une France qui reste un exemple et un moteur d’un monde plus juste, plus humaniste c’est elle qui a le plus de chance de réussir. Je ne suis personnellement investi dans cette campagne comme pour aucune autre, de nombreuses associations de la société civile sont passées outre leur principe de réserve et ont lancé un appel similaire, François Bayrou refuse de voter Nicolas Sarkozy car nous sommes convaincus que la France court, pour la première fois depuis la 5ème république un risque important si Nicolas Sarkozy était élu.

Inversement, fort sur les valeurs, pragmatique dans la mise en œuvre nous pouvons avoir un gouvernement regroupant, de la droite à la gauche, ceux qui veulent aller de l’avant, ceux qui veulent conjuguer social et économie. Nous pouvons écrire une nouvelle page de l’histoire de France. François Bayrou a ouvert le chemin, suivons le plutôt que de le traiter par le mépris. La victoire de Ségolène Royal et l’alliance inévitable avec le courant Bayrou lui donneront l’autorité pour réinventer le changement social, pour faire gagner la France. C’est un pari riche d’avenir. Pour le pays, il mérite d’être tenter.

J’espère par cet appel vous avoir apporté de nouveaux éléments qui vous permettront de prendre une décision plus éclairée, et ce, quelque soit votre choix dans l’isoloir.

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