La suppression des droits de succession
Contrairement à ce que Nicolas Sarkozy voudrait nous faire croire, la suppression des droits de succession est inefficace sur le plan économique, amplifie l’iniquité, n’améliore pas la solidarité entre génération et ce faisant met en danger notre système capitaliste qui est garant de notre efficacité économique. Nicolas Sarkozy ne défend pas les vertus du travail en lui préférant celle de la naissance ! Le cercle vertueux du capitalisme s’inverse. Heureusement, certains économistes pensent que l'impôt sur l'héritage est l'impôt du future !
La réduction des droits de succession, voire leur suppression, pour relancer la consommation semble, a priori, être une évidence pour Nicolas Sarkozy : elle est efficace nous explique-t-il avec pour preuve le succès des donations qu’il a mis en place ; elle est normale car « quand on a travaillé toute sa vie, on a le droit de laisser à ses enfants en franchise d’impôt ce qui représente le produit de son travail » ajoute-t-il ; enfin elle est social car « il est très important que la solidarité joue aussi entre les générations » poursuit-il. s tous Devant tant de bonnes raisons, nous devrionnous réjouir, économistes, capitalistes et mêmes socialistes. Seul la gauche de la gauche, dogmatique, ancrée dans un anti-capitalisme archaïque, déconnectés de toute réalité économique devrait s’opposée à un tel programme.
Alors pourquoi n’est ce pas le cas ?
Premièrement, en s’attaquant toujours plus aux droits de
succession, Nicolas Sarkozy sape non seulement le principe d’équité
base d’une société évolué mais aussi le fondement même du système
capitaliste, nous ramenant ainsi au 19ème siecle.
Pour comprendre, revenons tout d’abord aux bases du capitalisme moderne
et humaniste née au début du 20ème siècle avec notamment l’apparition
en 1901 des droits de successions progressifs qui ont atteint dès 1920
40% en ligne directe pour la dernière tranche. En effet, le capitalisme
repose sur l’envie de s’enrichir est un moteur fort pour le
développement économique et social d’un pays (Capitalisme, un formidable moteur pour le développement de la société.).
Le principe du « chacun selon son mérite » est « bon », et ce, même
s’il entraîne des inégalités mais nécessite l’égalité des chances au
départ. Or l’héritage n’est-il pas la source première des inégalités au départ !
Cette mesure remettrait en cause le cadre social qui a permis de
légitimer le capitalisme au 20ème siècle, a contribué à sa victoire
face au communisme et fait qu’il n’est plus remis en cause comme modèle
sauf par la gauche de la gauche. En supprimant le cadre sociale qui légitime le capitalisme, c’est le capitalisme moderne que l’on attaque : un
candidat défenseur du capitaliste augmenterait l'impôt sur l’héritage
ou accepterait un compromis qui au pire maintiendrait les niveaux des
droits de succession ; jamais il n’envisagerait de les baisser une
nouvelles fois. Par ailleurs, l’héritage ne permet même plus
aujourd’hui d’assurer une solidarité entre les générations car, grâce à
l’allongement de l’espérance de vie, on hérite quand on en a moins
besoin. C’est pourquoi, en plus de la suppression des droits, Nicolas
Sarkozy a et veut continuer à défiscaliser les donations.
Deuxièmement, contrairement à ce que Nicolas Sarkozy avance,
l’efficacité économique d’une telle mesure est discutable et
l’augmentation des droits de succession pourrait être plus efficace.
En effet, une augmentation des droits amènerait les personnes âgées à
consommer leur capital en s’offrant une vie plus confortable et ainsi
contribuerait à une augmentation du PIB supérieure. Cela inciterait
aussi à remettre dans le circuit des actifs improductifs qui attendent
leurs héritiers. Enfin, cela contribuerait à résoudre pour partie le
problème du financement des retraites : combien de retraités vives avec
des revenus modestes, voire des aides, alors qu’ils sont à la tête d’un
capital qui leur permettrait de vivre bien s’il le valorisai sous la
forme de rente viagère par exemple. Le problème de ces personnes, des
retraités de l’île de Ré, a même été pris par Nicolas Sarkozy en
exemple pour justifier le bouclier fiscal alors que la conclusion
aurait due être exactement inverse. La boucle de l’inefficacité est
bouclée !
Plus grave encore, l’héritage introduit une distorsion des marchés, notamment de l’immobilier.
En effet, une partie non négligeable des biens change de mains sans
être mis sur le marché. Ce faisant, cela réduit les flux et crée une
tension sur les prix. Les héritiers sont donc virtuellement encore plus
riches et les autres ont encore plus de problèmes pour se loger. Double
effet : inefficacité économique et équité malmenée. (voir le billet : Sarkozy veut permettre à chaque ménage d’être propriétaire. Une nouvelle imposture la preuve par 3).
Enfin, la suppression des droits se traduirait par un manque à gagner de l’ordre de 50 milliards sur les cinq prochaines années, largement de quoi financer les retraites sans pénaliser les nouvelles générations. « Partout décriés, les droits de succession s'imposent paradoxalement comme l'impôt du futur, alors que se profile le transfert de propriété le plus important de l'histoire », pronostique François de Witt , auteur d'un livre sur la nécessité du partage entre générations.
Contrairement à ce que Nicolas Sarkozy voudrait nous faire croire, cette mesure est inefficace sur le plan économique, amplifie l’iniquité, n’améliore pas la solidarité entre génération et ce faisant met en danger notre système capitaliste qui est garant de notre efficacité économique. Le cercle vertueux du capitalisme s’inverse. Nicolas Sarkozy utilise l’attachement sentimental du français aux biens familiaux pour favoriser la France d’en haut, ce n’est pas les détenteurs de petit patrimoine qui bénéficieront de cette réforme (voir "Les droits de succession en chiffres"), c’est les 4% les plus riches, les 96 autres pourcents ne subiront que les effets négatifs. Cela montre que Nicolas Sarkozy ne défend pas les vertus du travail en lui préférant celle de la naissance(Voir l’Interview de Thomas Piketty, économiste ; Directeur de l’École d'économie de Paris qui vient d’être inauguré par le Premier Ministre., cela met à jour la philosophie de Nicolas Sarkozy, toujours plus pour les plus favorisés. Pour s’en défendre, l’UMP est obligé de mettre dans la catégorie des Français moyens les couples ayant 2 enfants et gagnant 12 000 euros net par mois (soit 1 million de francs par an !).
Voir aussi l'article Sarkozy et les successions : un grand mensonge au service de l’injustice sociale.